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AMOUR D’HIVER (7)
#1
AMOUR D’HIVER
(Auszüge)


Prélude



ÊTES-VOUS femme, êtes-vous ange ?
Ou votre nom mentit deux fois,
O charmeresse dont la voix
Tinte avec une grâce étrange ?

Vos yeux dont le bleu divin change
Comme celui des fleurs des bois
Jettent, dans les cœurs aux abois,
De crainte et d’espoir un mélange.

De tous je ne sais rien vraiment.
Peut être êtes-vous simplement,
Comme les autres, une femme.

Mais je vous cherche et je vous crains,
Tant vos airs doux et souverains
M’ont troublé jusqu’au fond de l’âme !



***

Il me semble parfois que je t’ai reconnue,
Tant tu sembles pareille à mon Rêve immortel.
Tu m’apparus jadis sur quelque antique autel,
Où rayonnait Vénus éblouissante et nue.

Des cieux doux et lointains d’où mon âme est venue
Tu redescends ainsi qu’un astre fraternel,
Fantôme radieux, souvenir éternel
Des chères visions écloses sous la nue !

Tu m’as rendu vivant le type radieux
De la femme pareille à l’image des Dieux,
Et que doit adorer quiconque ne blasphème.

Mon premier idéal s’incarne en ta Beauté.
Dès longtemps j’ai connu ta grâce et ta fierté.
Et, depuis que j’aimais, c’est Toi seule que j’aime !

***

Il n’est de jours heureux que ceux où je te vois.
Tous les autres pourraient s’effacer de ma vie,
Sans que d’un seul regret leur lenteur fût suivie
Vivre c’est te revoir ! C’est entendre la voix !

C’est respirer, plus doux que le souffle des bois,
Le souffle de ta lèvre où mon âme est ravie ;
C’est mourir lentement sous l’implacable envie
De poser les pieds nus sur mon cœur aux abois.

Tout le reste n’est plus que mensonge et fumée.
L’univers se résume en Toi, ma bien-aimée.
Ma terre est sur ta bouche et mon ciel dans tes yeux !
En Toi seule commence et finit tout mon rêve.
Ton regard me le rend ; ton sourire l’achève,
Et, dans les bras, je sens en moi l’âme des Dieux !

***


Je te revois enfant, — comme tu m’as conté, —
A la fleur des pavots, comme des fleurs pareilles,
Mêlant le rouge éclat de tes lèvres vermeilles,
Brune dans l’or des blés qu’avait jaunis l’été.

Je te revois enfant, dans la folle gaîté
Des vendanges, buvant le sang tiède des treilles,
Et puis, l’hiver venu, durant les longues veilles,
Réveillant le foyer de ton rire argenté.

Je recueille avec toi, comme des fleurs fanées,
Les souvenirs charmants de tes jeunes années
Et, dans mon cœur pieux, je les garde à mon tour.

Plus loin que le présent remonte ma tendresse,
Et j’envie au passé jusques à la caresse
Dont t’entourait jadis le paternel amour.

***


Tu ne sauras jamais de quelle amour profonde
T’aime ce triste cœur que je croyais fermé,
Trépassé que tes yeux divins ont ranimé,
Rouvrant sur lui l’azur et la lumière blonde.

Ta beauté comme une aube y fait surgir un monde
Étincelant et clair, sous un ciel enflammé.
Telle on dit que Vénus sur l’univers charmé
Resplendit en sortant des bras amers de l’onde.

Je me croyais heureux, ayant enfin dompté
Le désir qui nous jette aux pieds de la beauté
Et nous met dans le cœur la torture suprême.

J’étais fou ! rien ne vaut cet immortel tourment
Qui me vient de ton Être et cruel et charmant.
Si je souffre pour toi qu’importe : du moins j’aime !

***


Pourquoi m’avoir donné ce que tu m’as repris ?
C'est d’un cœur moins léger et plus sûr de soi-même
Qu’on devrait seulement dire ces mois : je t’aime !
Les plus sacrés de tous à qui connaît leur prix.

Qui les traite en ce monde avec un tel mépris
Est infâme et qui ment, en les disant, blasphème.
Pourquoi m’avoir donné cette ivresse suprême
Pour l’arracher après de mon cœur trop épris ?
Va ! je ne t’en veux pas. D’un bonheur éphémère
Je porte le regret et la mémoire amère
D’un cœur ferme et que rien ne peut faire ployer.

Qu’importe qu’en saignant ma blessure se creuse !
Je ne veux rien de toi que que te savoir heureuse
Et ne demande rien au temps que d’oublier !

***


Et comment serais-je rebelle
A ses regrets, à ses serments ?
Double secret de mes tourments :
Je suis lâche autant qu’elle est belle !

Mais ne crois pas, au moins, cruelle
Que je ne sache que tu mens.
O les misérables amants !
Oh ! la trahison mutuelle !

En te revenant, je le sais,
Je cours à des maux insensés.
Tu le veux ! j’obéis. Qu’importe !

Puisqu’il faut à ton pied vainqueur,
Pour le meurtrir encore, un cœur,
Prends le mien, je te le rapporte !

***
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